Frédérique D nous a fait parvenir sa lettre ouverte au président de la République. Nous la publions ci-dessous.
Il m’a fallu un peu de temps pour comprendre où vous vouliez en venir. Mais j’y vois désormais plus clair. En effet, depuis presque 2 ans, les confinements successifs, les différentes mesures plus ou moins justifiées ne m’avaient pas permis d’imaginer l’avenir que vous réserviez au peuple qui vous a élu président en mai 2017.
C’est véritablement au matin du 13 juillet 2021 après une nuit d’insomnie que là, j’ai su, j’ai réalisé que la France n’était plus le pays des droits de l’Homme. La France ne correspondait plus à la représentation que j’en avais : un pays dans lequel la liberté d’expression était encore possible, même si depuis quelque temps, elle s’effritait, un pays dans lequel les droits de chacun étaient respectés même si de plus en plus bafoués pour certains, un pays où chacun pouvait être soigné sans aucune discrimination….
J’étais bien naïve à cette époque pourtant pas si lointaine.
Puis a passé l’été, l’été le plus sombre de ma vie qui m’a vraisemblablement entrainé dans quelque chose que je ne connaissais pas mais qui peut-être s’appelle la dépression. Ne sachant pas de quoi septembre serait fait, je me sentais alors bien seule, isolée ne pouvant me résigner à accepter la société que vous voulez bâtir.
J’ai alors repris le travail, mon fardeau sur le dos et la peur au ventre chaque matin ignorant quelle sentence pouvait tomber. Mais je n’étais pas prête à « abandonner » mes patients. Alors j’ai cru pouvoir franchir le pas et répondre à votre injonction, afin de pouvoir continuer à travailler. Mais je n’ai pas pu ! Trop d’incohérences et d’incertitudes pour donner mon consentement libre et éclairé sur ce geste irréversible.
J’ai continué à travailler, allant chercher chaque matin, au plus profond de mon être les ressources pour me mettre en route. Et ça le valait bien, car chacun de mes patients me le rendait au centuple. Mais je doute que vous puissiez comprendre.
Vos petits soldats et la technologie n’ont pas perdu de temps pour retrouver les personnes qui ne disposent pas d’un QR code que vous pouvez activer ou désactiver à l’envie. Mais comment faire pour nous désactiver alors ? Nous couper les vivres. C’est tellement simple.
Et pourtant, j’aurais presque envie, si vous n’étiez pas aussi arrogant, de vous dire merci. Merci parce que vous m’avez ouvert les yeux. Aujourd’hui je ne suis plus seule. Sur la terre entière fleurissent des mouvements de contestation contre la politique que vous menez « au nom de la santé ». Si seulement vous vous préoccupiez quelque peu de notre santé, ça se saurait. Qu’en est-il de notre alimentation, de l’agriculture, des pesticides, de l’air que nous respirons, des modes de production, du respect du vivant ? Vous n’avez pas l’air au courant, mais tout est lié.
Il parait que vous ne me considérez plus comme une citoyenne. Ça tombe bien car sincèrement, je ne suis pas citoyenne de la société que vous construisez où seuls règnent le pouvoir et l’argent, où la peur et les injonctions à consommer toujours plus dominent, où les sourires et la joie disparaissent, où le mot RESPECT n’a plus aucun sens.
Je ne veux pas de ce monde déshumanisé pour nos enfants et les enfants de demain. Je sais maintenant que les irresponsables ne sont pas ceux que vous pointez du doigt et nous continuerons à faire résonner Liberté, Egalité, Fraternité !
Frédérique, orthophoniste qui n’est plus autorisée à exercer (janvier 2022).
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